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La Commission royale édite son 31e tome du Bulletin

Publications de la CRMSF

Hasard ou nécessité ? Dans la présente livraison du Bulletin, il est question dans deux des quatre articles présentés, d’éléments de patrimoine disparus ou inconnus. Habituellement, l’ouvrage tente de faire découvrir aux lecteurs des biens patrimoniaux rares, méconnus ou peu, voire pas, étudiés, des techniques de construction ou de restauration et des analyses scientifiques permettant une meilleure compréhension des divers types de patrimoine. Ces contributions scientifiques permettent d’enrichir notre connaissance des richesses culturelles, historiques, artistiques, archéologiques ou naturelles de nos provinces. C’est en tout cas l’ambition de la publication.

La vision et la compréhension des choses sont bien entendu, pour le profane comme pour le spécialiste, plus complexes lorsque ces éléments patrimoniaux ont totalement disparu et semblent irrémédiablement perdus. Seules les archives de tous ordres (écrites, iconographiques, photographiques, audiovisuelles, etc.) peuvent alors nous aider à reconstituer la mémoire. À cet égard, la Commission royale a la grande chance d’avoir à sa disposition son Centre d’Archives et de Documentation.

Dans ce Bulletin, Carole Carpeaux, secrétaire adjointe de la CRMSF, et Julien de Leval, membre de la Chambre provinciale de Liège de la CRMSF, abordent un patrimoine disparu depuis presque cent ans et présentent un Eclairage sur l’histoire des châteaux d’Olne et « de Terwagne » à partir de l’analyse de fonds d’archives. Cette analyse se base notamment sur la collection de photographies anciennes du fonds de la Ville de Liège conservé au Centre d’Archives et de Documentation de la CRMSF, singulièrement des photographies prises en 1921, année de la démolition du château d’Olne, par l’architecte Paul Jaspar (1859-1945), ancien membre de la Commission royale.

Dans le même registre, Cécile Sacino, titulaire d’un master en Histoire de l’Art et Archéologie de l’Université de Liège, présente un article consacré à l’architecte Victor Louis Rogister (1908-1976). Ce personnage, quasi inconnu, porte cependant un nom célèbre dans l’histoire de l’architecture liégeoise. En effet, son père Victor Marie Rogister (1874-1955) est l’architecte d’inspiration Art Nouveau dont on connaît, entre autres réalisations de qualité, la superbe maison de la rue de Sélys à Liège, classée comme monument depuis 1994. Madame Sacino a ainsi analysé deux fonds d’archives privés recelant de nombreux documents graphiques de Victor Louis Rogister, dont les plus remarquables sont reproduits. Un élément attire d’emblée l’attention, c’est que l’auteur, malgré toutes ses recherches, n’a pu retrouver aucune construction encore existante de l’architecte. Cercle sportif, hôtels, villas, piscines, cinémas, salle de concert, buildings à appartements, en Belgique et aux États-Unis : de tous ces projets de la fin des années 20 au début des années 40, il ne reste apparemment rien. Bel exemple de la relativité et de la fragilité du travail humain…

Dans un domaine dont le Bulletin est plus coutumier, Francis Tourneur, membre de la section des Monuments, et Dominique Bossiroy, attaché scientifique à l’ISSeP, présentent L’approche des matériaux pierreux et des traitements de surface des façades du Théâtre royal de Liège. Cet article tombe à point nommé, puisque l’année prochaine verra le bicentenaire de ce théâtre qui abrite l’Opéra royal de Wallonie depuis 1967. La première pierre du chantier fut posée par la célèbre tragédienne Mademoiselle Mars en 1818 et après deux années de travaux, le Théâtre royal de Liège est inauguré le 4 novembre 1820. L’édifice néoclassique, dû à l’architecte François Joseph Duckers (1792-1831) et transformé en 1860/61 par l’architecte Jules Étienne Rémont (1800-1883), a fait l’objet d’une restauration en profondeur de 2009 à 2012. L’article évoque l’étude préalable menée par les auteurs en vue de cette importante et remarquable restauration.

Enfin, pour terminer ce numéro du Bulletin, Lise De Ganck, historienne de l’art, aborde le Style des villas Belle Epoque de Genval-les-Eaux. Lieu de villégiature proche de la capitale, Genval-les-Eaux, aujourd’hui rattachée à la commune de Rixensart, a connu son éclosion après l’arrivée du chemin de fer en 1889 et son âge d’or dans le premier quart du XXe siècle, plus particulièrement entre 1900 et la Première Guerre mondiale.

Dès 1897, une société d’exploitation commerciale de la concession des sources Argentine et Bonne Fontaine développe le thermalisme à Genval, en exploitant les eaux minérales et un ensemble hôtelier en bordure d’un lac artificiel qui est creusé entre 1903 et 1904. Des villas privées s’érigent alors dans tout le site. Et sur le plan architectural, c’est l’éclectisme le plus absolu et la fantaisie la plus débridée qui règnent : style anglais (Arts & Crafts, Queen Anne), pavillon japonais, chalet suisse « pittoresque », style villa normande, style Art nouveau, style néo-gothique… et même une copie assez surprenante du Hameau de Marie-Antoinette à Trianon. Madame De Ganck décrit avec beaucoup de détails ces différentes bâtisses, témoignages d’une époque d’insouciance où il faisait bon vivre à Genval-les-Eaux.

Ce 31e tome du Bulletin de la Commission royale, qui porte le millésime 2019, est disponible à la vente via notre boutique en ligne.